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Dr Fierens
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Les spécialistes en parlent

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Dr Hugues Fierens, dermatologue, et Stéphanie Tomasovic, infirmière : « Notre collaboration permet une prise en charge plus globale du patient et de son trajet de soins »

Que les dermatologues doivent jongler avec le temps dont ils disposent par patient n’est un secret pour personne. Pourtant ils sont confrontés souvent à des maladies et des traitements complexes qui demanderaient une démarche plus rapprochée. C’est la raison pour laquelle le Dr Fierens, chef de service en dermatologie à la Clinique Saint-Jean de Bruxelles, travaille depuis la rentrée 2022 en tandem avec l’infirmière Stéphanie Tomasovic. Une fois le diagnostic établi, c’est elle qui prendra en charge le trajet de soins et le suivi de bon nombre des patients souffrant de psoriasis.

Dr Fierens, c’est vous qui êtes à l’origine de cette collaboration en binôme créée il y a quelque temps. Pourquoi vous avez pris cette initiative ?

Dr. Fierens : C’est un projet que j’avais depuis longtemps, à l’instar de ce qui se fait par exemple à l’hôpital universitaire de Gand, où les patients ne sont pas seulement pris en charge par le médecin, mais peuvent compter également sur le suivi d’une infirmière dédiée qui dispose d’un peu plus de temps et qui est souvent plus proche des patients. Ce n’est qu’avec l’arrivée de Stéphanie l’année dernière que j’ai pu réaliser mon projet. Il y a un facteur relationnel important. Ainsi, il faut être à l’aise avec la prise en charge du vécu du patient. J’avais donc besoin d’une personne ouverte par rapport à ce genre d’approche globale et personnalisée, prête à s’investir dans cet aspect plus relationnel.

Comment cela se passe concrètement ?

Dr Fierens : Il faut savoir qu’il existe plusieurs formes et degrés de psoriasis qui ne présentent pas tous la même complexité. Il y a donc un triage à la base, avant la première consultation. En cas de psoriasis plus sévère, et si Stéphanie est disponible, je lui présente les patients et elle assiste avec moi à la consultation.

Stéphanie Tomasovic : Ensuite je prends le relais en tant qu’infirmière référente : je suis leur point de contact et leur interlocutrice principale. Tout d’abord, il s’agit de leur expliquer leur traitement et les éventuels effets secondaires. Je m’applique aussi à clarifier les idées reçues, surtout en début de traitement. Ainsi, trop de gens croient encore que le psoriasis est contagieux, par exemple. Si nécessaire, je fixe et suis aussi les différents rendez-vous, également pour les radios thorax et les prises de sang dont je vérifie les résultats si nécessaire. En cas de comorbidités (donc la présence d’autres maladies en même temps que le psoriasis, ndlr), je conseille un rendez-vous avec nos autres spécialistes (rhumatologues, cardiologues, etc.). Pour le reste, je réponds à toutes les questions et je rassure si nécessaire. C’est vraiment très important pour les patients, tout comme le fait de me savoir disponible en cas de nécessité. Le pas pour me contacter semble être moins important que celui de s’adresser au médecin.

Dr Fierens : Au-delà du rôle thérapeutique concernant le traitement et la façon dont il faut l’administrer ou le prendre, notre travail en tandem nous permet d’être mieux à l’écoute.

Est-ce que cette approche vous aide aussi à vous pencher sur le style de vie de vos patients ?

Stéphanie Tomasovic : Au début du traitement, nous essayons en effet de sensibiliser les patients à l’impact de certaines (mauvaises) habitudes comme l’alcool ou le tabagisme dont on sait qu’elles peuvent intensifier les crises de psoriasis, mais nous ne sommes pas là pour les obliger à changer. Ce qu’ils ne sont pas forcément prêts à faire d’ailleurs : souvent, la première raison de leur venue, c’est le regard de l’autre qui leur pèse, donc ils veulent un traitement qui fait disparaître les symptômes avant tout.

Dr Fierens : Et nous disposons aujourd’hui de molécules très performantes qui nous permettent de soigner les symptômes du psoriasis, de blanchir nos patients, sans que ceux-ci ne fassent quoi que ce soit par ailleurs. C’est un énorme atout qui peut aussi être un problème.

C’est-à-dire ?

Dr. Fierens : Le psoriasis est une maladie immunitaire qui va parfois de pair avec certaines comorbidités plus ou moins graves. Puisque le traitement fonctionne tellement bien, la motivation pour se prendre en main et réduire ainsi l’impact sur les comorbidités, comme l’obésité par exemple, peut être moindre. C’est tout un challenge.

Vos patients viennent de partout et parfois de très loin. Quelle est la principale difficulté à laquelle vous êtes confrontés ?

Stéphanie Tomasovic : Nous sommes effectivement très accessibles et le plus compliqué, c’est la compréhension de la partie administrative du traitement, ainsi que la rigueur qu’il suppose en matière de compliance (le fait de suivre et de respecter toutes les étapes du traitement, ndlr). Je me suis rendu compte que cela se passe mieux si je dispose d’un support écrit ou visuel, donc j’ai fait preuve de créativité en créant un support papier visuel et écrit que je remets à chaque patient. Ainsi, j’évite par exemple la barrière de la langue.

Dr Fierens : Grâce à ces petites brochures explicatives qu’elle a développées sur les traitements, ainsi que les carnets de soins où ils peuvent noter les rendez-vous, les patients se sentent mieux suivis, ils se sentent rassurés.

C’est quoi l’étape suivante dans ce projet ?

Dr Fierens : Bien sûr, nous aimerions faire plus, mais nous devons agir avec les moyens du bord. Et nous espérons inspirer.

Quel retour avez-vous des patients ?

Stéphanie Tomasovic : Ils sont très contents. Notre tandem est très complémentaire : il est composé d’un homme et d’une femme, d’un médecin et d’une infirmière, ce qui permet d’aider la plupart des personnes, notamment pour des questions de genre, de statut, de diversité, etcetera.

Dr. Fierens : Pour nous aussi, l’approche est porteuse : nous savons compter l’un sur l’autre, nous nous complétons et nous discutons. C’est tout bénéfice pour tout le monde.