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Dr. Vanhooteghem
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Dr. Vanhooteghem

Les spécialistes en parlent

Dr. Vanhooteghem


«UN TRAITEMENT RÉUSSI PASSE PAR UNE PRISE EN CHARGE GLOBALE »

Une maladie inflammatoire chronique comme le psoriasis se manifeste différemment chez chaque patient et va souvent de pair avec une ou plusieurs comorbidités. Afin de les détecter à temps, le service de dermatologie du CHU UCL Namur SainteElisabeth a mis en place une prise en charge multidisciplinaire du patient dès sa première visite. Le docteur Olivier Vanhooteghem qui y collabore notamment avec les docteurs Virginie De Schaetzen et Iona-Mariana Cimpean explique cette approche.

On peut dire que votre service a joué un rôle de pionnier avec sa vision d’ensemble sur le traitement des maladies de la peau. Ainsi, le service de dermatologie ici fait partie de la médecine interne.

En effet, et il est important de le signaler, car c’est un choix délibéré qui illustre une évolution fondamentale dans nos métiers. Contrairement aux convictions d’avant, nous envisageons la peau comme un organe, notre plus grand organe, qui se trouve bien à l’extérieur de notre corps, mais qui reflète surtout ce qui se passe l’intérieur. Dans le cas du psoriasis, il s’agit d’une maladie inflammatoire chronique qui est génétique et qui touche le système immuni - taire. Elle se manifeste no - tamment (mais pas exclu - sivement) par des plaques sur la peau, qui surviennent à la suite du renouvellement excessif et accéléré de la couche la plus superficielle de l’épiderme, auquel s’ajoute une réaction inflammatoire. Le psoriasis n’est pas contagieux, mais plusieurs facteurs environnementaux comme le soleil, le stress (physique ou psychique), la consommation de substances comme le tabac et l’alcool peuvent l’aggraver.

Nous essayons de détecter si le patient souffre de comorbidités comme l’arthrite psoriasique, le diabète, l’obésité ou des problèmes cardiovasculaires.

Comment se passe concrètement la première visite d’un patient qui arrive dans votre service ?

Un patient qui vient dans notre service pour sa première consultation sera tout d’abord pris en charge par une in - firmière qui va contrôler tous les paramètres physiques (comme la tension, le poids, etc.). Ensuite, il y a un passage chez un psychologue. Ce n’est qu’après que le médecin voit le patient pour lui ex - pliquer ce que c’est le psoriasis et pour répondre à toutes les questions, avant de passer à un screening détaillé, en le questionnant sur ses antécédents, les traitements déjà essayés, afin de déterminer les soins les plus adaptés. Nous leur expliquons à ce sujet les différentes possibili - tés, le trajet de soins et les conditions auxquelles il faut répondre. Nous définissons aussi la différence entre les traitements systémiques (avec les biologiques et les autres traitements par voie orale) d’une part et les solutions topiques, comme les pommades ou la photothérapie, d’autre part). Ce volet informatif est très im - portant, même si nous constatons que de plus en plus de patients, notamment les jeunes, sont déjà bien informés avant de venir en consultation.

En même temps vous analysez l’éventuelle présence de comorbidités. Le cas échéant, vos patients sont suivis par une équipe de spécialistes appropriés.

En effet, lors de la consultation, nous essayons de détecter si le patient souffre de comorbidités comme l’arthrite pso - riasique, le diabète, l’obésité ou des problèmes cardiovas - culaires. Il est très important de les identifier rapidement, d’une part afin d’éviter que ces problèmes ne s’aggravent, d’autre part parce qu’en traitant les comorbidités, l’on peut souvent constater une amélioration du psoriasis. Les collègues des autres disciplines sont très à l’écoute et il est donc facile de prendre les rendez-vous nécessaires en fonction des comorbidités. Il s’agit d’une vraie équipe multidisciplinaire très accessible, très réactive et attentive au patient.

Au-delà, nous rappelons à tous les patients dans quelle mesure il est essentiel d’arriver à instaurer ou à maintenir une hygiène de vie saine. Même si nous avons des médicaments très efficaces pour traiter les symptômes de leur maladie, ils doivent comprendre qu’ils doivent se soigner à tous les niveaux, donc aussi s’occuper de leur bien-être physique et mental.

Que voulez-vous dire par là ?

Que nous les aidons à être mieux dans leur peau et que nous leur montrons la marche à suivre pour être mieux dans leur corps. Nous revenons à chaque fois sur les mêmes règles : il faut maintenir un poids sain adapté à sa corpulence, ne pas trop boire, bouger le plus possible et ne pas fumer. Dans certains cas, cela demande un très gros changement qui est impossible à réaliser en une seule fois ou sans suivi professionnel par ailleurs. A ce niveau, il ne serait pas inutile qu’il y ait une réflexion au niveau de l’INAMI pour une prise en charge financière plus globale. Ainsi, ce serait un atout considérable de pouvoir prévoir un coordinateur de soin, une personne-clé de confiance qui gérerait les différents rendez-vous, chez la diététicienne, le cardiologue, l’endocrinologue, le rhumatologue, etc. Les patients doivent se sentir aidés et pour y arriver, un cadre est nécessaire. Bien sûr, il est nécessaire de conscientiser les gens, mais il faut aussi les épauler pour leur permettre de se prendre en charge. Dans notre structure, c’est ce que nous essayons de faire à petite échelle.

C’est notre métier de faire en sorte que les gens aillent mieux : on doit les aider à apprendre à marcher, puis après les laisser marcher tous seuls. Evidemment, pour réaliser cet objectif, on ne peut pas se limiter au court terme. Cette vision n’est peut-être pas la plus facile, mais à long terme, elle nous semble la plus bénéfique, tant pour la société que pour le patient.